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Le blog de Laurent
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21 juin 2007

Se forcer un peu...

Se forcer un peu...

Coup de colère.

En colère contre 40 % des adultes de France, et parmi eux certains que je connais.

Ceux qui n’ont pas daigné aller voter le 10 et/ou le 17 juin.

Colère mêlée de déception, car dans ma candeur, je pensais que le regain d’intérêt, la participation massive aux présidentielles, qui m’avaient tant réjoui, seraient durables, et non un feu de paille.

Souvent, on s’indigne, on s’insurge, contre le système, la société, les puissants. C’est nécessaire, mais c’est parfois trop facile (les autres…). Ici, maintenant, j’ose m’insurger contre les gens, le français moyen, et tant pis si ça fait grincer des dents.

Alors je propose quelques réponses aux justifications entendues (ou supposées) de ceux qui ont choisi de ne pas voter.

« Ca me passionne pas, ça m’intéresse pas »

On n’est pas en train de parler d’un loisir, d’un concert, d’un match de foot, ou d’un film.

Il s’agit d’un devoir – civique et moral – et d’un acte de participation.

Moi je peux dire que ça me passionne, mais je comprends bien que ce n’est pas forcément le cas. La question n’est pas de savoir si ça nous passionne. Il y a des choses dans la vie qui ne sont pas du domaine de l’envie, de l’émotion, de la passion, mais du devoir, de l’utilité, de l’exigence. (Je n’aime pourtant pas le registre lexical de notre président…) Descendre les poubelles, et j’ose espérer, trier les déchets, on le fait, ce n’est pas une passion, me semble-t-il. (et je ne parle pas de payer ses impôts, ou respecter le code de la route, car ça c’est obligatoire et passible de sanctions ; sinon vous pensez bien…) Ca fait partie de la vie en société. Point.

Il faudrait que ça passionne ? Et on s’étonne ensuite que des candidats populistes aient du succès, qu’il y ait ‘pipolisation’ de la politique, qu’il faille aller chez Fogiel pour être élu. Il faudrait du suspense artificiel, enfermer les candidats dans un château, les faire chanter, ou coucher ? Si les idées pouvaient passionner tout un chacun, ce serait parfait ; malheureusement c’est plus souvent la pure compétition de personnes, des enjeux secondaires. Effectivement, tout cela est moins présent dans les législatives. Alors n’y cherchons pas la passion, mais l’utilité. La société du spectacle, de consommation, est partout, même dans les enjeux les plus importants. Mais elle ne nous est pas qu’imposée ; ce genre d’attitudes et de justifications l’alimente.

« On les connaît pas les candidats »

Eh bien oui, il faut se bouger, tout ne vient pas tout cuit dans la bouche. On vous demande pas de connaître les 577 candidats, mais de se renseigner sur sa circonscription, bref chez soi. Ca ne fait pas plus de candidats qu’à la présidentielle et c’est à peu près les mêmes partis. Et puis on vous apporte l’information dans les boîtes aux lettres, non ? Et partout sur les panneaux près de chez vous. Il y a aussi Internet. Ah bien sûr ils ne vont pas tous passer au 20 heures, les quelque 7639 candidats. Encore une fois, faudrait-il être célèbre, être une star ?

Et après on se plaint que les élus soient des élites, ne soient pas représentatifs de la société, ne viennent pas du peuple. Mais si on ne veut pas voter pour quelqu’un d’inconnu, si il faut s’appeler Sarkozy, Royal, Bayrou ou Le Pen…, et non Dupont, Fernandez, ou autre, bref, le voisin de palier, pour attirer le votant…

« J’y comprends rien »

C’est vrai que c’est compliqué , quoi que… c’est selon moi une fausse justification :

Le niveau scolaire des français était quand même bien plus limité il y a 60 ou 100 ans et ça n’a jamais empêché les gens de comprendre et voter. On n’est pas idiots. C’est assurément moins compliqué de comprendre le mode de scrutin et l’utilité du Parlement que l’intrigue d’un seul épisode d’une série policière américaine de qualité, que les règles du jeu de n’importe quel bon jeu vidéo, que les règles du rugby, que le choix d’un forfait téléphone portable pour un néophyte… ou tout simplement une bonne partie des choix et tâches que l’on a à faire au quotidien, au travail ou ailleurs.

Donc l’affirmation que c’est trop complexe, est plutôt une manière de dire « ça m’intéresse pas ».

Mais bon, admettons que ça semble un peu complexe.

Il faut se renseigner un peu. Ça demande un petit effort. Il n’est même pas nécessaire d’aller à la pêche aux infos, il suffit de ne pas se fermer à celles que l’on nous livre. Même s’il n’y a pas autant de battage qu’à la présidentielle, on en parle dans les médias, explications à l’appui. On ne demande pas de tout maîtriser (cela peut être un idéal vers lequel tendre), mais de savoir qu’il y a l’Assemblée nationale avec des élus qui représentent une circonscription (environ 100 000 habitants) et qu’ils proposent (trop peu de nos jours), amendent, votent ou rejettent les projets de loi. Les députés servent aussi à contrôler le gouvernement ; ils travaillent dans des commissions, représentent aussi les intérêts de leur circonscription…

Trop compliqué ?

« Ca sert à rien, ça change rien »

Plusieurs idées là-dedans :

« Mon vote à moi ne sert à rien, il est noyé, tout est joué. »

Quand on voit que même avec 40 % d’abstention, on peut être surpris, avoir des résultats si différents, différents des sondages, du 1er tour, de la présidentielle, créer un flux et un reflux, on imagine qu’avec les 40 % manquants, tout est possible : FN à 2 ou à 25 %, la gauche majoritaire, la gauche laminée, le Modem ou les petits partis s’imposant comme acteurs majeurs, de nouveaux partis émergeants… On ne peut pas dire que ça n’a pas d’impact.

Tout vote compte. Rien n’est acquis. Changement de majorité, de taille de l’opposition, influence sur l’élection de votre propre député, influence sur la dynamique d’un parti mais aussi son financement… (à 1%, 5%, on obtient des fonds)

« Je ne me retrouve pas dans les partis, c’est toujours les mêmes… »

Ceux qui ne se retrouvent pas dans les grands partis, il y a assez de petits partis pour renouveler non ? (une moyenne de 13 candidats par circonscription) Comment ont commencé les Verts, le FN, ou d’autres partis ? Petits forcément. Et puis ceux qui ont voté à la Présidentielle ont bien pensé que c’était important, que tous les partis ne se valaient pas, qu’il y avait une différence entre Royal et Sarkozy ; ils ont su se retrouver dans un de ces deux candidats (au deuxième tour au moins).

« Ça sert à rien les législatives, c’est les présidentielles qui comptent. »

Voir plus haut à quoi sert l’assemblée. Et je rappelle que le gouvernement en dépend. Et que chaque voix importe, au-delà du candidat élu.

« Ça sert à rien de voter tout court »

Là j’ai plus de mal à convaincre les abstentionnistes de conviction, je m’adresse plus à ceux qui ont voté aux présidentielles, mais pas aux législatives. Si ceux-là préfèrent la violence, le fatalisme, laisser décider quelques groupes d’influence, … c’est bien dommage. S’ils ont une meilleure solution que le type de démocratie actuelle, qu’ils s’expriment, on est preneurs.

« J’étais pas là »

Les procurations sont extrêmement faciles à obtenir désormais. Aucune justification demandée, démarche très simple… je n’aime pas forcément me prendre en exemple, mais je pense qu’il est parlant. J’ai dû voter par procuration à une élection sur deux ou trois depuis mes 18 ans. Ca ne m’a quasiment jamais posé de souci.

Conclusion

Si on se dit qu’on n’a pas le choix (c’est comme aller au travail, on n’en a pas forcément envie, mais il faut bien y aller, ou comme aller à un office religieux pour certains), on ne se pose même pas la question de savoir si on vote ou pas. L’abstention n’est même plus une option, les dates d’élection sont intégrées dans l’agenda ou la mémoire au même titre que le mariage de la cousine. La seule question qui se pose ensuite est de savoir pour qui on vote ; alors on s’informe et on décide même si c’est parfois difficile et qu’on est rarement sûr de faire le bon choix. Et oui c’est un effort.

Se forcer un peu.

Cette abstention massive aura au moins eu un effet positif, à mon petit niveau. Elle m’aura fait écrire –un texte un peu arrogant et moralisateur peut-être mais tant pis j’assume– , m’aura fait revenir vers mon blog famélique pour le nourrir, et peut-être ainsi relancer la machine. Parce que pour moi aussi il faudrait

Se forcer un peu…
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