texte exponentiel
Voici un texte, bien peu joyeux, que j'ai écrit lors d'un atelier. La consigne en est assez visible, il me semble. Chaque vers doit comporter un mot de plus que le précédent.
Rien.
Ni personne.
Je suis là.
Seul dans cette pièce.
Où sont-ils donc tous ?
Je scrute, je cherche, je cours.
Ma tête est comme vide de souvenirs
J’ouvre une fenêtre, y vois le soleil
Le soleil de mes 5 ans, un vélo rouge.
J’en ouvre une autre, une fête étudiante miroite.
Des sons et des odeurs parfois surgissent avec ces images
Ces images emplissent mon esprit désert, sans hier, aujourd’hui ou demain
Au début, je souris, touché, amusé, de ces retrouvailles surprenantes, tendres, mélancoliques
Puis je me lasse un peu d’être spectateur de mon propre film
Ensuite les questions arrivent, les routes empruntées ou manquées, les regrets, les ‘et si’
Les bribes semblent devenir scènes, c’est sans fin, ça grandit toujours d’un pas.
Des épisodes oubliés apparaissent, joies ou hontes, les fils se relient, mais les questions croissent encore
C’est vertigineux, il y a que moi, pas d’autrui, pas de Dieu, pas de fin.
Je crois que j’ai toute l’éternité devant moi pour contempler ma vie, la revivre, penser, méditer.
Dois-je y découvrir le sens de la vie, et surtout de cet après où je suis si seul ?
L’éternité seul, alors que je cherche une porte parmi toutes ces fenêtres, je me dis que je préfèrerais Sartre.