Je ne suis pas Marianne James
Un samedi soir, récemment, après un match à la MJC, on est
allés boire quelques verres, puis comme il était trop tard pour le métro, avec
une copine qui habite pas trop loin, on est rentrés en bus de nuit.
Bon, les bus de nuit, beaucoup les redoutent, mais en général c'est plutôt
sympa, j'ai eu plusieurs fois de bons souvenirs, les gens ayant un peu bu, ça
rigole, ça discute... Et encore une fois, ça se confirme.
Au moment où je monte dans le bus, un jeune homme me dit 'toi t'es de la Star
Ac'. Il a répété cela plusieurs fois, chaque fois qu'il croisait mon regard. Il
semblait ne pas en démordre. Étant moi-même un peu éméché, je lui ai répondu à
un moment 'je t'assure, je ne suis pas Marianne James', réplique qui non
seulement correspond bien à mon goût pour la répartie absurde, mais illustre
aussi ma méconnaissance réelle du paysage audiovisuel!
Ce jeune homme était accompagné de deux trois copains, dont l'un avait un
visage qui me semblait familier. Alors au bout d'un moment je me suis dit,
c'est sans doute pas à la Star Ac, mais ils m'ont peut-être vraiment vu quelque
part. Je demande alors au pote si il ne vient pas de Montreuil. 'Ah non ça va
pas, on les aime pas, ils sont du 93'. Je demande alors, t'es peut-être du 94?
'Oui d'Arcueil'...
Vous étiez pas à Brossolette par hasard?
Brossolette est le lycée où j’ai enseigné pendant quatre ans
au Kremlin-Bicêtre.
Eh bien banco.
Je ne les ai pas eu en cours, mais mon visage leur disait
quelque chose.
Quand ils ont compris qui j'étais, ils ont bien rigolé, comme s'ils avaient toujours quinze ans, du genre 'ah mais on vous voit dans votre vie privée, là!’, ‘avec une fille, à moitié saoul’. Eh bien oui, un prof vit.
Ce qui m’amuse dans cette histoire, c’est que quand un
visage semble familier, le premier réflexe est de penser à la télé, en l'occurrence,
la Star Ac, avant de penser à son propre vécu.